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mercredi 23 décembre 2015

Platform (Zhangke Jia, 2000)

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J'ai commencé à regarder ce film sans avoir lu le synopsis et, si j'ai deviné l'intrigue, ce fut avec grand peine. En effet, l'enchaînement des scènes peu bavardes, plus contemplatives qu'autre chose, ne facilitent pas la compréhension du message. Après avoir lu le synopsis, me révélant que le film se déroule sur dix ans et qu'il s'agit du glissement de la Chine de Mao vers une Chine américanisée, j'ai pu, consciemment, mieux appréhender le message du réalisateur.
Si le message global est assez transparent — on voit la troupe qui fait l'éloge de Mao au début du film puis au fur et à mesure s'occidentalise à outrance — ce qui m'a le plus manqué, c'est soit une critique de cette évolution, soit une constatation plus forte. Il semble que le réalisateur n'ait pas eu le parti pris de la critique, il  voulait simplement montrer le glissement, mais ce glissement ne semble pas se faire totalement en douceur (tout d'un coup, lors d'une scène, le groupe joue du rock sans qu'on ait vraiment eu une étape avant). Rien ne semble justifier l'occidentalisation de la Chine dans ce film.

Cependant, avant que l'on croie à une critique contre le film, il me faut préciser que malgré la lenteur, malgré l'enchaînement de scènes manquant en apparence de liant, on ne s'ennuie pas, on est assez fasciné par ce film pour des raisons que je saurais expliquer, intellectualiser. On se laisse porter sur ces 2h30 par Zhangke Jia et ses personnages, on voit ces jeunes qui évitent la Chine terrible, celle de la pauvreté et des mines, qui fument, qui boivent, comme s'ils tentaient d'oublier leur pays, les idéaux de Mao. Cela commence par une femme qui change de coiffure et qui devient comme ces danseuses de flamenco et cela finit par le rock, en passant par des chansons courtes qui vont à l'encontre des idéaux maoïstes. Ce film est très subtil mais peut-être l'est-il trop et du coup le message pourrait s'effacer derrière cet aspect documentaire qui n'a pas de parti-pris politique ; un simple suivi sur une décennie d'une bande de jeunes artistes chinois. C'est peut-être là la force du film : la banalité de l'occidentalisation de la Chine.

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