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dimanche 19 juillet 2015

Le goût du saké (1962)




Le goût du saké est le dernier film réalisé par le grand Yasujirô Ozu (Voyage à Tokyo notamment). Cette fresque familiale est splendide en plusieurs points. Tout d'abord, cette histoire d'un homme qui va marier sa fille est poignante car elle nous confronte, comme dans Voyage à Tokyo à la vieillesse : M. Hirayama doit-il égoïstement garder sa fille auprès de lui ou lui permettre de voler de ses propres ailes ? En posant la question de la vieillesse et de la solitude, Ozu renoue avec certains de ses anciens films et avec la thématique qui fit son succès. Toujours habile, il nous pousse à nous interroger nous aussi sur cette question.
Le casting est remarquable avec notamment Chishû Ryû, héros récurrent des films d'Ozu et l'image, quant à elle, est toujours magnifiée par le talent du réalisateur dont la caméra ne bouge jamais. Les plans toujours fixes laissent s'exprimer les personnages, l'histoire.

Si je n'ai pas été aussi subjugué par ce film que par Voyage à Tokyo, je reconnais là un très bon film de ce grand homme où les décisions se font toujours autour d'un verre, entre hommes. Mais les femmes ne sont jamais loin, elles servent, écoutent, font parties de la conversation et quand elle sont à l'écran, comme la fille du protagoniste, elles sont rebelles, grandies par un Ozu qui semble faire fi des traditions de soumission de la femme car, si celle-ci est toujours impliquée dans un mariage arrangée, elle s'émancipe peu à peu. Il y a cette occidentalisation de la société japonaise avec ces femmes, avec leurs habits, avec aussi les tenues des hommes. Ozu est un réalisateur moderne, dans le sens classique du terme, c'est-à-dire qu'il tente de filmer la réalité du Japon (ici du début des années 1960), s'interroge sur la guerre (Les japonais ont-ils bien fait de la perdre ?), et nous livre un film tout en nuances.

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